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Les bonnes raisons pour écrire ne manquent pas. Avez-vous réfléchi aux vôtres ? D’apparence simpliste, ce questionnement permet de définir le périmètre de tout projet d’écriture.

Au-début du XXe siècle, trois grands auteurs discutèrent de ce qui les faisait plonger, chaque jour et sans relâche, dans l’écriture. Écoutons ce qu’ils se dirent…

Vivre ou écrire, il faut choisir !”, tempêta le maigrelet, entre deux quintes de toux.

Mais pas du tout : il faut vivre pour écrire !”, répliqua le plus costaud qui ne cessait de le tancer parce qu’il ne sortait jamais.

Ce soir-là, au restaurant du Ritz, la discussion fut plus animée qu’à l’accoutumée. L’enjeu ? Répondre à cette question essentielle sur l’activité qui occupait leur vie : « Pourquoi écrire ? »

Écrire pour divertir

Rien ne me met plus en joie que d’imaginer le son d’une corde qui vibre au fond du cœur d’un lecteur“, commença Jules. “Surtout si cette corde, il en ignorait l’existence. Un rire, une larme, une émotion, voilà pourquoi nous écrivons. Nous emmenons ceux qui nous lisent dans des recoins inconnus d’eux-mêmes comme dans des pays lointains. Nous les sortons de leur quotidien.

Écrire pour informer

“Tout cela est bien futile”, entonna une voix familière. “Nous écrivons pour informer, dépeindre une époque et ses iniquités. Nous écrivons pour dénoncer, en espérant faire bouger les choses. Vous connaissez la force des mots !”, clamait Émile en s’asseyant à leur table.

Écrire pour soi

Vous me faites bien rire“, reprit le malade. “Je n’ai pas vos prétentions. Moi, j’écris parce que j’en ressens le besoin. Ce bouillonnement de pensées qui m’agite continuellement demeure invivable tant que je ne l’ai pas couché sur papier. Alors seulement, de ce magma informe et perturbant, sort un enchainement cohérent d’idées liées entre elles, signifiant… et je peux passer au suivant.”

Écrire pour faire réfléchir

Marcel, quand comprendras-tu enfin que les productions de ta pensée, aussi torturée soit-elle, présentent de l’intérêt bien au-delà de ta frêle personne ? Les idées et les ressentis qui se mêlent dans tes écrits sont autant de graines plantées dans l’esprit de chacun de tes lecteurs et participent ainsi à la grande réflexion du Monde !”

Ton éloquence est mignonne, Jules. Mais seul toi parviens à saisir la vérité cachée dans la sensation.

Écrire pour laisser une trace

Je rejoins Jules. Nous sommes les héritiers de la somme des écrits produits, mais aussi de chaque vie vécue avant la nôtre. J’affirme donc que, de la même manière qu’est documentée l’histoire des pays et des nations, chaque vie mérite un livre. Les joies et les peines, les succès et les échecs, les principes et les opinions de celui ou celle qui l’a vécue doivent servir aux générations futures.”

Écrire pour transmettre

J’irai même plus loin Émile, la transmission n’est pas qu’une question de génération. Elle se conjugue aussi au présent. Il y a, ici et maintenant, tant de connaissances et de savoir-faire à faire savoir : le travail méticuleux de l’artisan, la découverte du scientifique, la pédagogie de l’enseignant…”

Tu as raison. À faire savoir et à contextualiser“, compléta Émile.

Ou pas. Tout dépend à qui ton texte s’adresse“, rétorqua Jules.

Mes amis, mes amis, le débat dévie. Vous glissez gentiment mais surement de « pourquoi ? » à « pour qui ? ». Et, au risque de passer de nouveau pour le rabat-joie, je propose que nous laissions ces questions en suspens pour la prochaine fois.”

C’est ainsi qu’Émile, Jules et Marcel se quittèrent. Nous ne manquerons pas d’être là quand ils se retrouveront.

Et vous, pourquoi voulez-vous écrire ?

Expliquez-nous en commentaire ↓ ou discutons-en !

Billet écrit avec l’agréable assistance des Cranberries.