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Vous voulez écrire un livre et vous offrir les services d’un écrivain fantôme pour atteindre ce but vous a traversé l’esprit. Mais quel budget prévoir ? Les modalités de paiement sont diverses et le montant de la facture dépend à la fois de la qualité du ghostwriter engagé et du type d’ouvrage envisagé (biographie, fiction ou essai).

Vous voulez écrire un livre mais n’avez pas le temps ou ne vous sentez pas la compétence d’y arriver. Un prête-plume peut vous aider. Les écrivains fantômes (« ghostwriters » en anglais) vous écoutent et rédigent pour vous le roman, l’autobiographie ou l’ouvrage de management dont vous avez toujours rêvé. Leur niveau d’implication varie de la rédaction pure et simple, sous votre dictée, à un accompagnement beaucoup plus complet (coaching d’écriture : définition avec vous du schéma narratif, construction des personnages, déblocage des nœuds de votre histoire…).

Combien coûte ce genre de prestation ? Les modes de rémunération et le montant total du projet peuvent varier énormément en fonction de vos exigences et de vos ambitions. Petit tour d’horizon avec les 5 manières de payer un écrivain fantôme:

Tarification à l’heure

Photo by Agê Barros on Unsplash

En Suisse, les tarifs s’échelonnent de 100 à 250 chf/heure en fonction de la compétence du ghostwriter et de la complexité de votre projet (la rédaction d’une biographie demande beaucoup moins de travail que celle d’une œuvre d’imagination par exemple).

Si ce mode de rémunération semble le plus évident, il présente, pour vous auteur-client, plus d’inconvénients que d’avantages:

Avantages:
  • Les coûts sont lissés tout au long du projet. À chaque séance, vous payez le travail de l’écrivain fantôme : une heure d’entretien + le temps d’écriture correspondant (qui peut se limiter à une heure ou deux pour une biographie mais peut rapidement monter à quatre voire six heures pour une fiction en fonction du travail de recherche et de l’effort d’imagination que vous laissez à la charge de votre prête-plume)
  • Vous pouvez interrompre la collaboration quand bon vous semble en limitant les frais à ce que vous avez déjà payé (situation que je ne souhaite ni à l’écrivain fantôme ni à vous-même et qui doit absolument être évitée en vérifiant la bonne adéquation prête-plume – auteur-client avant de lancer le projet).
Inconvénients :
  • Même s’il est bien défini dans votre esprit, l’incertitude demeurera toujours sur l’ampleur exacte du projet en termes d’heures de travail nécessaires. Vous ne saurez donc pas au début combien vous coûtera le « produit fini ». Attention ici aux margoulins qui vous promettent d’achever votre livre au bout de quatre entretiens et en moins d’un mois. Ils vous demanderont une rallonge, puis une autre, les justifiant par une complexité inattendue… Retirer le doigt de ce type d’engrenage véreux est toujours douloureux. 
  • Comme l’explique très bien cette vidéo (en anglais) sur la tarification des travailleurs indépendants (« freelance pricing »), ce mode de rémunération est une prime à l’inefficacité : moins l’écrivain est productif, plus il gagne d’argent.
  • Présente à chaque rendez-vous, la question de l’argent pollue incidemment les entretiens qui devraient se concentrer uniquement sur le contenu de votre livre. Que vous le vouliez ou non, vous ne pourrez-vous empêcher d’avoir les yeux sur le chronomètre, ce qui nuira à votre concentration et à votre créativité.

Facturation au mot (ou à la page)

En fonction de la notoriété de l’écrivain fantôme et de la sophistication du projet, les frais peuvent varier de 0,30 CHF à 3 CHF par mot.

Avantages :
  • Vous ne payez que le résultat et non le processus qui a permis de l’atteindre. Que votre écrivain fantôme mette 200, 300 ou 500 heures à rédiger les 60’000 mots de votre roman n’a aucun impact sur la facture.
  • Ce mode de paiement est aussi juste pour le prête-plume. Vous pouvez être convaincu de vouloir écrire un roman court au début du projet et finalement, semaine après semaine, vous rendre compte que vous allez accoucher d’un pavé, le rédacteur qui vous accompagne ne se sentira pas floué.
Inconvénient :
  • Comme avec le paiement à l’heure, vous ne saurez pas exactement au début combien vous coûtera le « produit fini ». Le gonflement de l’enveloppe est toutefois ici plus contenu et sous votre contrôle : dissocié de l’efficacité du ghostwriter, il dépend uniquement de l’ampleur de votre projet.

Et cette histoire de page alors ?

Photo by Joyce McCown on Unsplash

Certains prête-plume (que je ne comprends pas trop) proposent d’être payés « à la page. » Sur ce terrain, les tarifs font le grand écart, de 70 CHF/page à plus de 700/CHF par page. En cause, la définition plus que vague de « page » : une page de livre de poche renferme environ 250 mots quand une page Word en contiendra 500 (Times New Roman 12, interligne simple). Un exemple très concret : mon premier manuscrit au format Word comptait 119 pages. Mis en page par l’éditeur – toujours au format Word – il en faisait 150. Le roman final au format poche comporte 317 pages.

Rémunération au forfait

Un écrivain fantôme professionnel peut estimer avec précision le temps et le budget nécessaires à la réussite d’un projet. De nombreuses variables sont prises en compte, notamment la durée du travail, le degré de sophistication du sujet, la date limite, la disponibilité de l’auteur-client, etc. C’est pourquoi la plupart des ghostwriters établis optent pour la simplicité en facturant au forfait. Ils vous écoutent, se font une idée très nette de la complexité de votre projet et vous proposent un montant global qui comprend tout, du premier rendez-vous au manuscrit fini, corrigé, relu.

Ordre de grandeur des montants demandés :

  • CHF 8’000 à CHF 20’000 pour une biographie
  • CHF 20’000 à 40’000 pour les livres gestion, management, entreprises, développement personnels…
  • CHF 25’000 à CHF 50’000 pour un roman
  • CHF 50 000 à 250 000 dollars – voire plus – si vous êtes une célébrité ou si vous voulez que votre livre soit rédigé par une star (journalistes connus, illustres auteurs ayant publié de nombreux ouvrages…) Pour la petite histoire : le prête-plume d’Hillary Clinton aurait reçu 500 000 dollars sur les 8 millions versés par l’éditeur américain Simon & Schuster à la candidate démocrate pour pouvoir publier ses mémoires.
Avantages :
  • Les histoires d’argent sont réglées une fois pour toute au début du projet.
  • Pas de mauvaise surprise.
Inconvénients :
  • Si l’ampleur du projet a été sous-évaluée au départ, c’est du côté du prête-plume que cela peut coincer : s’il manque de professionnalisme, il compensera son mauvais jugement initial en bâclant le travail à partir du moment où il réalisera qu’il s’est trompé.
  • Les sommes d’argent ci-dessus peuvent faire peur. Mais gardez à l’esprit que vous arriverez au même montant en payant à l’heure ou au mot. Autant le savoir dès le départ. Et vous n’aurez pas à payer l’intégralité d’un coup. En général l’écrivain fantôme demandera un dépôt initial de 20% à 30% du coût total puis vous effectuerez des paiements échelonnés sur toute la durée du projet.

Paiement en droits d’auteur

Ne rêvez pas : aussi originale soit votre histoire, aussi pointues soient vos connaissances, aussi profonde soit votre sagesse, un écrivain fantôme n’acceptera jamais pour seule rémunération la promesse que votre livre fera un carton en librairie.

La notion de droits d’auteur n’est pas pour autant à jeter complétement à la poubelle. S’ils ne peuvent pas réduire à néant le prix de la prestation, ils peuvent jouer leur rôle dans la négociation. C’est tout l’objet du point suivant. ↓

Un savant mélange de tout cela

Si l’écrivain fantôme est honnête et connaît son boulot, il saura estimer un budget cohérent. Dès lors, quelles sont vos marges de négociation ? Il en existe trois bonnes et une mauvaise :

  • Une ristourne peut être obtenue en proposant un partage des droits d’auteurs : 70 (pour vous)-30, 80-20 ? À vous de voir.
  • Comme son nom l’indique, le ghostwriter est invisible. Ce qui est un gros handicap pour se faire connaître. Qu’il s’efface au bénéfice de l’auteur-client a un coût. Lui proposer d’apparaitre clairement dans votre livre (dans les remerciements par exemple) et l’autoriser à communiquer sur votre collaboration est aussi un moyen de faire baisser sa facture.
  • Vous pouvez parier sur votre concision. Par exemple en lui disant : « Je veux faire un livre court, percutant. Je vous propose CHF 15’000 pour un manuscrit qui ne dépassera pas 45’000 mots. Au-delà, vous pourrez me facturer 1 CHF pour tout mot supplémentaire. »
  • Vous pouvez argumenter que sur les plateformes pour indépendants (de type Slascher, Malt, ou Fiverr), vous avez rencontré des prix bien inférieurs. L’écrivain fantôme peut alors avoir deux réactions : soit il vous expliquera très calmement qu’écrire un bon livre demande une implication totale et énormément d’efforts et que les tarifs proposés par certains freelances ne peuvent être autre chose que la promesse d’un travail de sagouin, soit il vous invitera très cordialement à vous mettre en relation avec ces personnes et à ne pas lui faire perdre davantage de temps.
Billet écrit avec l’agréable assistance des Pink Floyd.

Sur ce, vous voilà prêt à aller discuter avec celui ou celle qui pourrait transformer en réalité votre rêve de voir un jour votre nom sur la couverture d’un livre. Je serais évidemment ravi d’être celui-ci. Nous pouvons en discuter ici. Pour toutes questions ou remarques n’hésitez pas à commenter ci-dessous ↓ ou sur les réseaux sociaux.